Commençons par la fin : S’il est “attendu” qu’un couple ait des relations intimes le soir du mikveh, ceci n’est pas une obligation.
Une des obligations à laquelle le mari s’est engagé en signant la ketoubah au moment du mariage, c’est de prendre soin des besoins de sa femme, et ceci inclus de la satisfaire sexuellement. Le soir du mikveh le mari se doit donc de faire en sorte de la rendre heureuse. Dans de nombreux couples, la séparation due à la période de niddah a engendré l’envie de pouvoir enfin se retrouver physiquement le soir de mikveh. Et c’est naturellement et dans la joie que les relations intimes auront lieu. (La femme, si elle n’a pas “signé de contrat” concernant ses obligations sexuelles envers son mari, a tout de même une certaine responsabilité dans ce domaine…)
Cela dit, dans des cas où le couple ne pourra pas avoir des relations intimes (par exemple si le mari est malade), la femme va tout de même au mivkeh. D’un point de vue technique ceci permettra de ne plus avoir à observer les har’hakot et ainsi de prendre soin de son conjoint s’il est malade. Plus encore, émotionnellement, avoir été au mikveh permettra une proximité physique impossible sinon, et une joie pour les deux conjoints.
La vie est complexe et parfois, la pensée même d’avoir à agir d’une certaine manière nous bloque. Les raisons sont variées : il peut s’agir d’une peur de ne pas être à la hauteur, d’un besoin de prendre son temps, ou tout simplement d’une fatigue ne permettant pas de se concentrer ou de faire ce qui est attendu de nous.
Ces raisons (et d’autres !) existent aussi autour de la nuit du mikveh et peuvent être une source de tension ayant un impact négatif sur la vie conjugale.
Une grande base pour toute interaction sociale, et ceci est encore plus vrai dans le domaine de la vie conjugale et de l’intimité physique, est la communication.
Qu’est-ce qui m’est agréable ? Qu’est-ce qui me stresse ? Que pouvons-nous faire pour nous améliorer ? Sans communication, l’autre ne peut que deviner ce qui nous fait plaisir. Et si nous ne lui disons pas si quelque chose ne nous plait pas (de manière constructive !) il risque de continuer… Sans communication, nous risquons de forcer l’autre dans une situation où il se sent mal à l’aise et il ne voudra qu’éviter cette situation.
Ceci est également, et peut être particulièrement vrai concernant la nuit du mikveh.
Oui, dans la plupart des cas, avoir des relations ce soir-là est attendu. Oui, le mari a comme obligation la “mitsvat Onah“, la mitsva de satisfaire sa femme sexuellement.
Mais nous sommes des humains. Et la Torah a été donnée à des êtres humains.
Parfois le quotidien est très chargé, et le fait même d’avoir réussir à aller mikveh relève du miracle. Parfois, un des conjoints a besoin de plus de temps pour retrouver le plaisir d’être proche physiquement. Parfois, le fait de savoir ce qu’on attend de nous est un obstacle pour y réussir. Avoir (ou essayer d’avoir) des relations intimes dans ces conditions risque de conduire à un échec ou à des frustrations pour les deux conjoints.
Dans tous ces cas il est important de se rappeler de ces principes :
1– vivre en couple c’est savoir fournir un effort pour que l’autre soit heureux.
2- Communiquer ses attentes est important afin que l’autre sache comment nous rendre heureux.
3- “satisfaire sa femme sexuellement” n’a pas besoin de passer par un rapport sexuel si ce n’est pas ce qu’elle demande. L’important est qu’elle soit heureuse.
En en discutant en amont, un couple peut essayer de voir ce qui rend le soir du mikveh si difficile. Dans le cas où il est question de fatigue ou d’un emploi du temps trop chargé, les conjoints pourrons réfléchir à comment alléger ce dernier, trouver de l’aide pour ce soir etc. Si la raison est différente (par exemple en été lorsque le mikveh est extrêmement tard), il est permis de décider de réserver la nuit du mikveh comme étant une nuit tranquille sans avoir à séparer les lits et attendre lendemain pour des relations intimes.
Si le problème est plutôt basé sur l’obligation d’avoir un rapport intime, le couple peut décider, ensemble, de dédier ce soir-là à des retrouvailles à leur rythme. Rien ne les empêche de prendre le temps de réapprendre à être proches le soir du mikveh et d’attendre le lendemain pour avoir des relations intimes.
Dans tous les cas, la communication entre les conjoints est primordiale et permettra de transformer ce qui semble est une grosse source de stress conjugal en un soir que l’on attend dans la joie.