Demain nous lirons la paracha de Yitro.
Yitro, le beau-père de Moché, lui dit de changer la façon dont il s’occupe du Peuple d’Israël : Certes Moché reste l’interlocuteur direct avec D.ieu et est responsable pour transmettre Ses ordres à tous, mais il ne devrait pas être la personne vers qui chacun se tourne pour la moindre question. Plutôt, à Moché de déléguer, de nommer des dirigeants qui s’occupent chacun d’un autre niveau. Il n’aura ainsi plus qu’à s’occuper des dilemmes les plus complexes, des cas les plus grave.
Yitro explique que cela permettra au questionneur de ne pas avoir à faire la queue durant des longues heures afin de recevoir sa réponse, et permettra à Moché à d’une part de ne pas être exténué à force de passer ses journées à recevoir les gens, et de l’autre à avoir plus de temps pour faire d’autres choses.
Le rav Jonathan Sacks z”l, dans le commentaire qu’il avait préparé pour cette semaine*, explique que par ce conseil, Yitro introduit le principe de décentralisation. De fait, à la suite de cette décentralisation de la connaissance, un homme sur huit se retrouve dans l’obligation de prendre un rôle de dirigeant (que ce soit à un niveau plus ou moins élevé). La Torah, dont le don au le Peuple d’Israël fraichement sorti d’Egypte est également dans notre paracha, est donnée à tous. Nous pouvons – et devons- tous acquérir cette morasha מורשה (tradition) que nos Sages lisent aussi comme me’orasa מאורשה (fiancée). L’accepter, l’étudier, la comprendre et enfin utiliser cette compréhension pour prendre notre rôle et savoir répondre aux questions de l’autre, diriger à notre niveau.
A un niveau personnel, ceci est aussi ce que je fais en tant que Yoetzet Halakha avec mes collègues en Israël et dans le monde.
Et ce, en se rappelant la base pour que ceci puisse se faire correctement : La Torah est d’origine divine et celui qui a était le premier à recevoir les ordres directs et nous les transmettre est Moché. La Torah est une moracha – une tradition qui se transmet d’une génération à l’autre, d’un Sage à l’autre.
Si chacun d’entre nous a la responsabilité d’apprendre pour enseigner, de comprendre pour diriger, ce qui reste à mes yeux le plus important c’est de réaliser où sont nos limites. Dans le désert Yitro à conseillé à Moché de nommer des responsables pour des groupes de mille, cent, cinquante et dix. La taille de chaque groupe indique aussi la complexité des questions qui y étaient répondues. Les responsables étaient choisis non seulement pour leurs connaissances mais aussi pour leur crainte de D.ieu et amour de la vérité. Seule une telle personne aura l’honnêteté de réaliser et l’humilité de reconnaître qu’une question est au-delà de ses capacités, qu’il faut monter à l’échelon du dessus pour recevoir une réponse exacte.
Il est facile de préférer oublier ceci est de préférer faire semblant d’être sur un piédestal de sagesse plutôt que d’admettre qu’une question est au-delà de nos compétences. Ceci est peut-être le plus grand défi et danger de cette décentralisation du savoir : oublier notre place dans cette chaîne de transmission : Moché kibel Torah miSinaï – Moché à reçu la Torah au Mont Sinaï.
Ceci me rappelle une fois de plus la douleur ressentie par l’ensemble des Yoatzot Halakha, mes amies et collègues, suite à la perte du Rav Yehuda Henkin zatsal il y a un peu plus d’un mois, qui a créé notre rôle avec sa femme, à enseigné (en particulier les premières années) et surtout était le possek que nous pouvions toujours contacter et qui relisait chaque réponse écrite et ajoutait ses remarques. Nous avons B”H le privilège d’avoir d’autres rabbanim que nous pouvons appeler à toute heure ou presque pour résoudre le moindre doute et je ne compte plus le nombre de fois par semaine où je profite de leur enseignement afin que ce que je transmets aux femmes qui me contactent soit toujours le plus exact possible.
Puissions-nous tous acquérir, comprendre et transmettre la Torah.
Chabbat Chalom
Nathalie Loewenberg
- https://rabbisacks.org/wp-content/uploads/2021/02/French-Yitro-5781.pdf