Il y a un an j’ai eu à répondre à une question qui n’était pas complexe en soi, et à laquelle j’ai répondue des centaines de fois (sans exagérer !), mais ce cas particulier m’a marquée et voici pourquoi:
On était à peine plus d’une semaine avant Pessa’h. Par un miracle – et ne me demandez pas comment il s’est produit – nous étions plutôt en avance avec nos nettoyages. Monsieur et moi-même avons donc décidé d’être sociaux pour une fois et d’aller visiter ma belle-sœur (ne restant pas Pessah chez elle et donc pas en stress….ne venez pas par là croire que nous sommes tous organisés dans la famille).
On se dit bonjour, on se pose, et évidemment dès que je suis servie d’une part de (très bonne) tarte aux pommes réchauffée juste comme il faut : téléphone.
Je m’excuse, je m’isole et j’écoute la femme à l’autre bout du fil.
Cette femme était tombée quelques jours plus tôt et avait le pied dans le plâtre. Ce n’est jamais drôle, encore moins la veille de Pessa’h mais la raison de son appel était autre : ce matin elle avait vu du sang !
« Je suis donc niddah » me dit-elle. « Comment pourrais-je aller au mikveh dans 12 jours ? »
J’entends ça et tout de suite je fais mentalement des calculs, me rappelle de cas de figures rapportés dans la Halakha : est-ce que le plâtre sera en place pour moins d’un mois (presqu’aucune chance d’allègement possible) ou pour trois (on peut essayer de trouver une solution), le plâtre est-il en plâtre ou en résine (donc peut rentrer dans l’eau) etc …
Elle, pendant ce temps, continue de parler et ajoute : « en plus j’étais au mikveh il y a peu et là ce n’était vraiment pas grand-chose. C’est vraiment dommage d’être niddah pour le Seder, en plus il y’aura toute ma belle-famille… »
Et là je l’arrête net et je commence à lui poser des questions : Quelle quantité de sang a-t-elle vue ? Sur quel support ? De quelle couleur ? Etait-elle au courant de telle et telle Halakha ?
La femme est un peu surprise : elle m’a appelée pour avoir une réponse, et non pas pour entendre des questions ! Mais elle se plie à la demande et répond. Puis me pardonne quand je lui annonce qu’elle n’a pas besoin de réfléchir à comment pouvoir aller au mikveh avec un plâtre…puisqu’elle n’est pas niddah !
(Pour le nettoyage à terminer en revanche, désolée, mais je n’ai pas pu l’aider…)
Cette situation -plâtre non inclus- je la retrouve régulièrement. Sans même ouvrir mes fichiers je pense pouvoir affirmer avoir expliqué à une femme que ce qu’elle a vu ne l’a pas rendue (ou n’aurait pas dû la rendre) niddah au moins une fois par semaine. Autant que possible, j’explique aussi pourquoi. Je donne aussi des conseils pour éviter de rentrer dans le doute à l’avenir, ou comment savoir elle-même que faire (en général dans ce cas la femme rentrera en contact histoire de vérifier qu’elle a eu « tout bon » si cela se reproduit). Trop souvent, la questionneuse réagit en me disant que si seulement elle avait su cela avant, elle aurait évité de nombreuses périodes de niddah superflues.
Alors où est le problème ? Que trop de femmes ne connaissent pas la Halakha comme il le faudrait ? Oui, en partie. Mais je ne pense pas que ce ne soit uniquement leur faute. Combien d’entre elles m’ont confié que leur préparatrice au mariage ne leur avait rien dit sur ce sujet, ou qu’on leur en avait parlé mais qu’elles n’avaient pas tout capté (ce qui, veille de mariage est plus que probable). Combien d’autres m’ont dit avoir tout appris…et oublié. Après tout, entre les grossesses, l’allaitement, les petites et grandes choses de la vie quotidienne, comment se rappeler de tous les détails, surtout quand certains cas de figure ne sont pas forcément monnaie courante ?
Non, le problème est que dans ces cas trop de femmes ont tendance à soit demander à une amie qui ne sait pas forcément non plus ce qu’elle doit faire, soit ne rien demander et être stricte pour être sûre de ne rien transgresser.
Et c’est là que je viens et vous dis, vous demande, vous supplie :
Posez vos questions !!!!
Ne restez pas dans l’ignorance.
Vous ne dérangez jamais un rav ou une yoetzet halakha par vos questions. Nous sommes là pour cela.
Et ma tarte là-dedans ? Ma belle-sœur me l’a gentiment réchauffée à nouveau. Elle était excellente.
Cet article de Nathalie Loewenberg a paru pour la première fois sur le site Ima family en 2016