Question :
Bonjour
J’ai appris que le soir du mikveh est comme une nouvelle lune de miel. Mais en réalité, cette soirée est plus souvent que non une grosse source de stress qui fini parfois en disputes voir en chambres à part. La raison est qu’on nous a appris que nous devons avoir des relations intimes ce soir-là. C’est très important pour moi que la mitsva soit faite mais ça ne marche pas vraiment. Parfois mon mari rentre trop tard et fatigué et ne veux pas en entendre parler. D’autres fois c’est moi qui ne me sens pas prête à revenir si vite à une telle intimité. Il est clair qu’il y a des soirs de mikveh magnifiques mais la pression est telle qu’ils se font rares et que lorsque le jour du mikveh approche j’ai plus d’angoisse que de joie dans mon cœur. Inutile de dire que lorsque le soir du mikveh se passe mal nous ressentons les répercussions dans notre couple les jours suivants aussi.
J’aimerai savoir si c’est vraiment obligatoire d’avoir des rapports intimes le soir du mikveh et si vous avez une solution pour nous aider.
Réponse :
Bonjour
Ceci est une excellente question.
Commençons par la fin : S’il est “attendu” qu’un couple ait des relations intimes le soir du mikveh, ceci n’est pas une obligation.
Une des obligations à laquelle le mari s’est engagé en signant la ketouba au moment du mariage, c’est de prendre soin des besoins de sa femme, et ceci inclus de la satisfaire sexuellement. Le soir du mikveh le mari se doit donc de faire en sorte de la rendre heureuse. Dans de nombreux couples, la séparation due à la période de niddah a engendré l’envie de pouvoir enfin se retrouver physiquement le soir de mikveh. Et c’est naturellement et dans la joie que les relations intimes auront lieu. (La femme, si elle n’a pas “signé de contrat” concernant ses obligations sexuelles envers son mari, a tout de même une certaine responsabilité dans ce domaine…)
Cela dit, dans des cas où le couple ne pourra pas avoir des relations intimes (par exemple si le mari est malade), la femme va tout de même au mivkeh. D’un point de vue technique ceci permettra de ne plus avoir à observer les har’hakot et ainsi de prendre soin de son conjoint s’il est malade. Plus encore, émotionnellement, avoir été au mikveh permettra une proximité physique impossible sinon, et une joie pour les deux conjoints.
La vie est complexe et parfois, la pensée même d’avoir à agir d’une certaine manière nous bloque. Les raisons sont variées : il peut s’agir d’une peur de ne pas être à la hauteur, d’un besoin de prendre son temps, ou tout simplement d’une fatigue ne permettant pas de se concentrer ou de faire ce qui est attendu de nous.
Ces raisons (et d’autres !) existent aussi autour de la nuit du mikveh et peuvent être, comme vous le décrivez, une source de tension ayant un impact négatif sur votre vie conjugale.
Une grande base pour toute interaction sociale, et ceci n’en est pas moins vrai dans le domaine de la vie conjugale et de l’intimité physique, est de communiquer.
Qu’est-ce qui m’est agréable ? Qu’est-ce qui me stresse ? Que pouvons-nous faire pour nous améliorer ? Sans communication, l’autre ne peut que deviner ce qui nous fait plaisir. Et si nous ne lui disons pas si quelque chose ne nous plait pas (de manière constructive !) il risque de continuer… Sans communication, nous risquons de forcer l’autre dans une situation où il se sent mal à l’aise et il ne voudra qu’éviter cette situation.
Ceci est également, et peut être particulièrement vrai concernant la nuit du mikveh.
Oui, dans la plupart des cas, avoir des relations ce soir là est attendu. Oui, le mari a comme obligation la “mitsvat Onah“, la mitsva de satisfaire sa femme sexuellement.
Mais oui aussi, nous sommes des humains. Et la Torah a été donnée à des êtres humains.
Parfois notre vie est très chargée, et le fait même d’avoir réussir à y faire entrer le passage au mikveh relève du miracle. Parfois, un de nous a besoin de plus de temps pour retrouver le plaisir d’être proche physiquement. Parfois, le fait de savoir qu’on attend de nous est la meilleure façon de ne pas réussir. Avoir (ou essayer d’avoir) des relations intimes dans ces conditions est une recette assez bonne pour que la soirée ne finisse pas de la meilleure manière possible.
Dans tous ces cas il est important de se rappeler de ces principes : 1– vivre en couple c’est savoir fournir un effort pour que l’autre soit heureux. 2- Communiquer ses attentes est important afin que l’autre sache comment nous rendre heureux. 3- “satisfaire sa femme sexuellement” n’a pas besoin de passer par un rapport sexuel si ce n’est pas ce qu’elle demande. L’important est qu’elle soit heureuse.
En en discutant en amont vous pourrez essayer de voir ce qui rend le soir du mikveh si difficile. Dans le cas où il est question de fatigue ou d’un emploi du temps trop chargé, essayez de voir comment vous pouvez alléger ce dernier, trouver de l’aide pour vous aider. Si ce n’est pas possible (par exemple en été lorsque le mikveh est extrêmement tard), vous pouvez décider de réserver la nuit où vous retournez du mikveh comme étant une nuit tranquille sans avoir à séparer les lits et attendre lendemain pour des relations intimes.
Si le problème est plutôt basé sur l’obligation d’avoir un rapport intime, vous pouvez décider, ensemble, que ce soir là sera dédié à des retrouvailles à votre rythme. Rien de vous empêche de prendre le temps de réapprendre à être proches le soir du mikveh et d’attendre le lendemain pour avoir des relations intimes.
Dans tous les cas, la communication entre vous est primordiale et vous permettra, je l’espère, de transformer ce qui semble est une grosse source de stress conjugal en un soir que vous attendrez dans la joie.