Parachat ‘Houkat

La sidra que nous lirons ce chabbat est celle de ‘Houkat. Le début de la paracha nous décrit le processus à faire avec la vache rousse (parah adoumah) afin de préparer l’eau avec laquelle il sera possible de purifier les personnes ayant été en contact avec un mort. Cette eau a comme nom mei niddah.

Nombreuses sont les personnes qui se demandent si ce nom a un rapport ou non avec la niddah, la femme devenue impure par un saignement utérin.

Rachi dans Lev 14,19 sur la femme qui devient niddah explique que niddah a pour sens mise à part. La femme pouvant rendre d’autres personnes ou objets impurs (à l’époque où nous observions les lois de toum’ah et taharah), elle se mettait à l’écart. Le mot niddah dans ce cas-là vient de la racine N.D.D. – nadad, migrer. C’est aussi la même racine dont le mot nidouï – exclu provient.

En revanche dans notre paracha Rachi (Nomb 19,9) explique le mot niddah de mei niddah (eaux de niddah) différemment. Ici la racine du mot n’est plus N.D.D. mais Y.D.H. yidah– jeter. Ce sont les eaux qui vont être aspergées (jetées) sur la personne ayant besoin d’être purifiée.

Cette eau, ces mei niddah, ont d’ailleurs un autre nom : mei ‘hatat les eaux purifiantes (le terme ‘hatat vient ici de ‘hitouï purifier, ou en hébreu moderne désinfecter).

Cela dit, il y a tout de même un lien commun entre les deux termes : dans les deux cas les distances doivent être gardées. Si la femme niddah se sépare de son mari (et à l’époque du Beit Hamikdach de toute personne et objet pur), la préparation des eaux mélangées aux cendres de la vache rousse nécessitait elle aussi une distance. Il fallait être pur pour participer à la préparation mais elle rendait impurs ceux qui la préparaient. Une fois ces eaux prêtes, elles avaient certes le potentiel de purifier ceux sur qui elles étaient aspergées, mais rendaient impurs ceux portant le récipient où étaient gardées les eaux.

De nos jours nous n’avons plus de Beit Hamikdach et n’observons plus les lois de toumah et taharah. En l’absence de mei niddah nous ne pouvons même plus arriver au stade où nous pouvons être complètement purifié.

La compréhension du concept de pureté ne nous est partiellement compréhensible que grâce à la mitsva de taharat hamichpakha, même si nous ne l’observons ces jours ci que pour observer la halakha entre les conjoints et non plus pour le côté de pureté lié au Beit Hamikdach.

C’est d’ailleurs pour cela que de nombreuses personnes, en Israël du moins, préfèrent utiliser le terme “les conjoints sont interdits l’un à l’autre” (ils sont en statut de assourim) et non de dire que la femme est niddah. Bien que les deux termes aient la même répercussion pratique de nos jours, celui de niddah implique une mise à l’écart unilatérale, alors que celui de assourim met les conjoints dans une situation de réciprocité, qui implique leur relation envers l’autre.

Puissions-nous avoir le mérite de voir le Beit Hamikdach dans toute sa splendeur très vite !

Chabbat Chalom